Le développement économique de Madagascar r/r ENERGIE
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1. Contexte énergétique et limites du secondaire
Dépendance à la JIRAMA
- L’entreprise nationale peine à assurer une production et une distribution stables d’électricité. Les coupures fréquentes et les surcoûts découragent les industriels.
Surcoût de l’énergie
- Le prix du kWh est parmi les plus élevés d’Afrique en tenant compte de la qualité de service. Cela réduit la compétitivité des usines, qu’il s’agisse de textile, d’agroalimentaire ou de cimenteries.
Blocage structurel :
- Les industries, surtout celles du secondaire, nécessitent une énergie continue, fiable et à faible coût. Or, la JIRAMA reste déficitaire, dépendante des hydrocarbures importés et incapable de suivre la demande croissante.
Conséquence : le secteur secondaire est mécaniquement limité par cette contrainte, au point que même des zones franches industrielles ne peuvent croître à la hauteur de leur potentiel.
2. Avantages comparatifs du secteur primaire agricole
Un potentiel agro-climatique exceptionnel :
- Madagascar dispose de terres arables variées, d’un climat diversifié permettant une production étalée (riz, vanille, cacao, café, fruits tropicaux, huiles essentielles, cultures vivrières).
Main-d’œuvre abondante
- Plus de 70 % de la population active travaille déjà dans l’agriculture, ce qui permet de mobiliser des compétences de base rapidement.
Demande internationale :
- Les marchés mondiaux recherchent des produits tropicaux, biologiques, et à forte valeur ajoutée (vanille, litchis, huiles essentielles).
Capacité de montée en gamme
- Même sans énergie abondante, des filières comme l’agro-transformation légère (séchage solaire, presse à huile, emballage) sont possibles à petite échelle avec des solutions décentralisées en énergie (solaire, biomasse, micro-hydro).
3. Décentralisation énergétique et synergie avec le primaire
Micro-grids et nano-grids solaire
- Contrairement aux grandes usines du secondaire, les petites unités agricoles peuvent être alimentées par des solutions locales indépendantes de la JIRAMA.
Valorisation locale :
- Transformation primaire (décorticage, pressage, séchage) peut être réalisée dans les zones rurales sans attendre une électrification nationale.
Résilience économique :
- Le secteur agricole s’adapte mieux aux contraintes actuelles du réseau, car il peut croître en s’appuyant sur des énergies renouvelables décentralisées.
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4. Effet multiplicateur du primaire sur l’économie
Sécurité alimentaire
- En renforçant les filières riz, maïs, manioc, Madagascar réduit ses importations coûteuses et assure une base stable pour la population.
Exportations et devises
- Vanille, cacao, girofle, litchis apportent directement des devises, ce qui n’est pas le cas du secondaire encore embryonnaire.
Effets d’entraînement :
- Le développement agricole crée de la demande pour des services logistiques, des infrastructures de transport, et favorise l’émergence d’un tissu d’entreprises locales (transporteurs, stockeurs, artisans).
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5. Vision stratégique
Court terme (5–10 ans) :
- Miser sur l’agriculture et l’agro-transformation légère comme moteur principal de croissance.
Moyen terme
- Utiliser les revenus générés par le primaire pour investir dans l’énergie, condition préalable au développement du secondaire.
Long terme
- Une fois l’infrastructure énergétique stabilisée et compétitive, le pays pourra envisager une industrialisation progressive (textile, BTP, transformation lourde).
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Conclusion
Le développement économique de Madagascar doit partir du primaire agricole car :
- Le secondaire est aujourd’hui structurellement bloqué par la contrainte énergétique.
- Le pays a un avantage comparatif clair dans l’agriculture.
- Le primaire permet de générer rapidement des revenus, des emplois et des devises, tout en s’appuyant sur des solutions énergétiques décentralisées adaptées aux réalités malgaches.
En d’autres termes, l’agriculture n’est pas un choix par défaut, mais une stratégie réaliste et pragmatique pour construire les bases d’une croissance durable avant l’industrialisation.