Innovafeed BSF Leader

Croissance de la production

  • Capacité maximale à venir (site de Nesle – France) : Innovafeed prévoit d'atteindre une capacité de 100 000 tonnes de produits finaux par an d'ici à 2025, dont 15 000 tonnes de protéines d’insectes Innovafeed+15Innovafeed+15Innovafeed+15.
  • Expansion en cours (phase 3 achevée) : Le site de Nesle couvre désormais 55 000 m², devenant ainsi la plus grande installation de production d’insectes au monde, avec une capacité d’augmentation de production multipliée par cinq par rapport à l’état précédent Feed Strategy.
  • Capacité aux États-Unis (Decatur, Illinois) : Le centre d’innovation inauguré en avril 2024 pourrait produire jusqu’à 60 000 tonnes de protéines, 20 000 tonnes d’huiles et 400 000 tonnes d’amendements organiques par an Innovafeed+6world-grain.com+6Innovafeed+6.
  • Volumes commerciaux engagés : Innovafeed a conclu des contrats commerciaux représentant plus de 1 milliard d’euros sur les dix prochaines années The Washington Post+15Innovafeed+15Innovafeed+15.
  • Production visée en 2024 : L’objectif est de générer 15 000 tonnes de protéines pour l’aquaculture d’ici fin 2024 sur son site de Nesle The Fish Site+4intrafish.com+4Wikipédia+4.

Rentabilité et santé financière

  • Pas encore rentable : Malgré son expansion industrielle, Innovafeed n’est toujours pas rentable à ce jour. Sifted+15The Washington Post+15Innovafeed+15
  • Chiffres 2023 (dernière année clôturée) The French Tech Journal :
    PosteMontant (2023)Evolution depuis 2022
    Chiffre d’affaires (CA)3 086 687 €En hausse (2 116 449 € en 2022)
    Perte nette– 32,55 M €Moins élevée (– 36,08 M € en 2022)
    Résultat opérationnel– 48,35 M €Légèrement dégradé
    Capitaux propres205,11 M €En baisse (237,56 M € en 2022)
    Endettement total32,6 M €En hausse (21,9 M € en 2022)
    dont banque17,96 M €
    dont fournisseurs/Autres~9,24 + 1,14 M €
  • Situation solvable : Le total des dettes reste inférieur aux capitaux propres — un signe de solvabilité — mais la viabilité dépendra de la capacité à générer des revenus et atteindre enfin la rentabilité

Les chiffres clés d’Innovafeed

Levées de fonds majeures

  • Février 2018 : Innovafeed réalise sa première levée, d’un montant de 15 M €, pour accélérer le déploiement de sa technologie à grande échelle WikipédiaInnovafeed.
  • Novembre 2018 : Une seconde levée de 40 M € est bouclée, toujours dans la phase de structuration industrielle WikipédiaInnovafeed.
  • Novembre 2020 : Les investisseurs historiques (Creadev, Temasek, banques) injectent 140 M € supplémentaires, portant le financement total à environ 200 M €, et soutenant l’internationalisation InnovafeedWikipédia.
  • Septembre 2022 : Un impressionnant tour de table en série D, de 250 M €, mené par QIA (fonds souverain du Qatar), avec la participation d’ADM, Cargill, Future French Champions et autres, porte le cumul total des financements à environ 450 M € InnovafeedTrésor Publicmaddyness.comFRENCHWEB.FRWikipédia.

Récapitulatif synthétique

DateMontant LevéTotal CumuléObjectif principal
Février 201815 M €15 M €R&D et montée en capacité industrielle
Novembre 201840 M €~55 M €Expansion industrielle
Novembre 2020140 M €~200 M €Déploiement international, notamment aux États-Unis
Septembre 2022250 M €~450 M €Accélération en France et à l’international, R&D, scaling

Pourquoi ces chiffres sont-ils importants ?

  • Croissance rapide et continue : Innovafeed réalise des tours stratégiques à intervalles réguliers, démontrant une trajectoire ascendante et une capacité à convaincre d’importants investisseurs institutionnels comme QIA.
  • Modèle industriel vertueux : L’entreprise fonde son efficacité sur la symbiose industrielle, utilisant les coproduits et l’énergie fatale d'acteurs agroalimentaires (comme Tereos) pour produire ses insectes (mouche soldat noire) Wikipédiamaddyness.com.
  • Paris de la durabilité : En plus de l’aquaculture, Innovafeed étend ses gammes à la nutrition animale (porcs, volailles, pets) et aux biostimulants (frass), misant sur une économie circulaire et à faible empreinte carbone WikipédiaInnovafeedmaddyness.com.
  • Internationalisation ambitieuse : Le partenariat avec ADM pour un site à Decatur (Illinois) illustre la stratégie globale d’implantation concrète aux États-Unis WikipédiaInnovafeed.

Conclusion rapide

  • Production : Innovafeed affiche une forte montée en puissance, avec des installations en France et aux États-Unis capables de produire jusqu’à 100 000 tonnes de produits finis, et des décennies de contrats commerciaux engagés.
  • Rentabilité : L’entreprise est encore loin du break-even, rapportant seulement quelques millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, mais réduit progressivement ses pertes. Son modèle reste dépendant d’investissements et du succès de sa montée en production et vente.

B- non-rentabilité d’Innovafeed s’explique surtout par la phase de montée en puissance industrielle

1. Pourquoi Innovafeed n’est pas rentable aujourd’hui

FacteurExplication
Capex (investissements très lourds)Les usines (Nesle en France, Decatur aux États-Unis) coûtent plusieurs centaines de millions d’euros : bâtiments, bioréacteurs, robotisation, automatisation, R&D. Les amortissements pèsent lourdement sur le compte de résultat.
Effet d’échelle non encore atteintProduire quelques milliers de tonnes par an ne suffit pas pour diluer les coûts fixes. Le site de Nesle doit monter à 15 000 t protéines/an d’ici fin 2024, mais il est encore en phase de ramp-up.
Coûts opérationnels élevésL’élevage de mouches soldat noire est très énergivore (chauffage, ventilation, robotique), et les coûts de main-d’œuvre + énergie en Europe restent élevés.
Marchés encore en structurationLes clients (aquaculture, nutrition animale, petfood) testent les volumes, mais les contrats sont progressifs. Les prix de vente des protéines d’insectes (3 000–5 000 €/t) doivent s’aligner face à la concurrence (soja, farines de poisson, protéines alternatives).
R&D et certificationUne partie du budget part en R&D, réglementation (autorisations EFSA, FDA), marketing, et développement international (US, Asie).
Délai de conversion des contratsInnovafeed a signé plus de 1 Md€ de contrats sur 10 ans, mais les cash-flows arrivent graduellement, pas immédiatement.

2. Quand cela peut-il devenir rentable ?

(point clé = effet d’échelle et seuil de production)

  • Prix de vente moyen :
    • Protéine d’insectes ≈ 3 000–4 000 €/t.
    • Huiles ≈ 1 000–1 500 €/t.
    • Fertilisant (frass) ≈ 200–300 €/t.
  • Seuil de rentabilité estimé (selon études sectorielles sur la mouche soldat noire) :
    • Une usine commence à couvrir ses coûts fixes à partir de 15 000–20 000 tonnes de protéines/an.
    • Pour être profitable et compétitive face au soja/farine de poisson, il faut viser 30 000–40 000 tonnes/an par site.
  • Innovafeed aujourd’hui :
    • Nesle → vise 15 000 t protéines fin 2024, donc proche du break-even industriel, mais pas encore suffisant.
    • Decatur (US) → 60 000 t protéines/an projetées → c’est ce type de volume qui devrait permettre la rentabilité nette, en combinant ventes de protéines + huiles + fertilisants.
  • Projection :
    • Si les deux sites (Nesle + Decatur) tournent à plein régime, Innovafeed peut espérer dépasser les 200–250 M€ de CA annuel. À ce stade, les pertes opérationnelles devraient s’inverser.

3. Comparaison avec le secteur

  • Ynsect (France, concurrent) : même problématique, plusieurs centaines de millions levés, pas encore rentable non plus, dépend de la montée en cadence.
  • Protix (Pays-Bas) : a atteint un certain équilibre sur des volumes plus modestes, mais en restant sur des marges faibles.

👉 Conclusion :

La non-rentabilité n’est pas divergente : elle est typique du secteur dans cette phase. Le modèle repose sur une course à l’échelle industrielle. Innovafeed est considéré comme l’un des mieux placés car :

  • il a sécurisé plus de 1 Md€ de contrats (Cargill, ADM, Auchan, Skretting, etc.)
  • il a les capitaux (≈ 450 M€ levés) pour absorber les pertes pendant la montée en puissance
  • il a deux sites « gigafactories » qui pourraient atteindre le seuil de rentabilité dès que les volumes dépassent 20–30k t/an par site.


C- simulation simplifiée (ordre de grandeur, à partir des données publiques et de ratios sectoriels).

Hypothèses de base – Site de Nesle

  • Capacité max (fin 2024) :
    • 15 000 t/an de protéines
    • 5 000 t/an d’huile
    • 30 000 t/an de fertilisant (frass)
  • Prix de marché (2023–2024) :
    • Protéine d’insectes = 3 000 €/t (aquaculture/petfood)
    • Huile = 1 200 €/t
    • Fertilisant (frass) = 250 €/t
  • Charges fixes et variables :
    • Capex amorti ≈ 250 M€ (site + équipements) → amortissement annuel ≈ 20–25 M€
    • Opex (énergie, main d’œuvre, maintenance, R&D localisée) ≈ 1 500 €/t protéine équivalent
    • Frais généraux (HQ + expansion) : part imputée ≈ 10 M€/an

Simulation – CA théorique Nesle

ProduitVolume annuelPrix moyenCA annuel
Protéines15 000 t3 000 €/t45 M€
Huile5 000 t1 200 €/t6 M€
Fertilisant frass30 000 t250 €/t7,5 M€
Total CA≈ 58,5 M€

Charges estimées

  • Opex production (15k t × 1 500 €/t) = 22,5 M€
  • Amortissement Capex = 22 M€
  • Frais généraux = 10 M€
  • Total charges = ≈ 54,5 M€

Résultat opérationnel (Nesle)

  • CA ≈ 58,5 M€
  • Charges ≈ 54,5 M€
  • 👉 Résultat ≈ +4 M€ (quasi break-even)

Lecture stratégique

  • Nesle seul à pleine capacité (15 000 t/an) → Innovafeed peut équilibrer ses comptes ou dégager un petit bénéfice.
  • Mais… :
    • L’entreprise reste globalement déficitaire car elle porte aussi les coûts de R&D, US expansion (Decatur), HQ, marketing, certification, etc.
    • C’est pourquoi le groupe affiche encore –32 M€ de pertes en 2023 malgré la montée en charge.

👉 Conclusion :

  • Nesle seul peut être rentable dès que la pleine capacité est atteinte (2025).
  • Mais la rentabilité consolidée du groupe dépend de la mise en route de Decatur et de la dilution des frais généraux.
  • Le vrai levier sera le scaling multi-sites (Nesle + Decatur), qui pourrait donner une marge nette positive significative.